Devil on the run - Kaël

Le Syndicat était un monde à part entière, un monde qu'il pensait connaitre mais qu'il ne maitrise pas si bien finalement. L'imprévisibilité de ses patrons rend son existence presque insupportable. Une tentative de rébellion échoué et le voilà comme l'esclave qu'il déteste être. Épris de liberté Kaël déteste être contraint de se rabaisser. Plus les jours passent et plus la haine devient forte. Mais plus il se sait contrôlé, dirigé, manipulé par le Syndicat, plus l'âme faiblit, et se résigne aussi. Cette ambivalence le rendrait presque fou et descendre des mecs devient presque un défouloir, un plaisir sans limite. L'homme assassine à tour de bras, les victimes il ne les compte plus. Des fois la tâche est plus ardue qu'une autre, mais à chaque fois le boulot est fait. Kaël est connu pour ne rater aucune de ses cibles... Enfin c'est ce qu'il croit. Pour la première fois (et cela l'homme l'ignore encore) il sera confronté à une erreur...

Alors qu'il revient de mission son comlink retentit avec les nouvelles coordonnées de la flotte du Syndicat. Il sait lorsqu'il les reçoit, c'est qu'il y est convié dans l'immédiat. Le corellien serre les dents, iris qui pointent vers l’infinité galactique, il n'est pas souriant. Au contraire... Il rentre alors les coordonnées de la flotte dans son vaisseau et passe en hyperespace. En moins deux eux heures son vaisseau arrête sa course aux portes de l’immense batiment qui lui ouvre son antre. Entreposant son véhicule dans la soute, Kaël est escorté par un droide de protocole vers un ascenseur. Ce dernier contraste fortement avec l'ambiance métallique, rustre et froide de l’entrepôt. Tapissé de rouge, et de doré, il respire le luxe. Standing de la maison, l'homme a finit par s'y habituer même si cela ne lui ressemble pas. Le droide monte avec lui, il semble avoir reçu des instructions. L'assassin se sait attendu par un supérieur, et la machine l'y emmène directement. Pas le temps de tergiverser, il n'est là que pour exécuter les ordres pas pour profiter du décor.

Au vingt-sixième étage la machine stoppe sa course et s'ouvre sur un couloir. Pas n'importe lequel : on retrouve à cet étage tout le ventre opérationnel de l'organisation, et notamment les bureau de ceux qui la dirige. Kaël est alors amené vers le numéro deux. Adama... T'aime pas ce nom ni les souvenirs qu'il t'évoque... Ce souvenir amer, acide qui persiste en bouche. Tu ressens encore de la douleur dans ce bras fantôme, remplacé par un putain de prothèse. On t'a vendu ça comme une bénédiction, alors qu'en fait on a fait de toi un jouet... Une fois de plus le corellien serre les dents avant de pénétrer dans l'antre. Un vigile qui surveille l'entrée lui ouvre la porte et le laisse pénétrer dans l'antre du démon...

L'homme l'accueille avec ce naturel désarmant. A peine l'a-t-il salué qu'il lui plante déjà un coup de poignard en pleine poitrine tout en lui offrant un verre. Laisser repartir une mission... Tu comprends pas ce qui se passe, tu comprends pas ses mots, tu comprends plus rien du tout. Qu'est-ce qu'il raconte qu'est-ce qu'il veut de toi ? Les pensées dératent lorsque Kaël essaye de retrouver à toute allure ce qui a pu clocher sur l'une de ses dernières missions et malheureusement il reste bloqué là comme un con au milieu de la pièce, le regard perdu dans le vague. Le corellien ne prends pas la peine de se servir quoique ce soit, bien trop perturbé par l'entrée en matière de son hôte.

Mais Lyto renchérit alors qu'il se lève de son canapé s'approchant lentement. L'assassin relève le regard pour analyser le sérieux de cette question. Mais visiblement sans se rendre compte une erreur a été commise et Kaël a besoin d'en savoir plus pour se justifier. « Je comprends pas d'quoi tu parles... » admet-il très sérieusement... « Je ne rate jamais mes cibles... » et pourtant l'homme a beau faire le tri il ne parvient pas à retrouver où l'erreur a-t-elle été commise. « C'est qui ? » s'enquit t-il histoire d'avoir un début de réponse... Il n'est pas certain de comprendre ce qui se passe, ni si Lyto se fout de sa gueule ce qui n'est pas impossible. Mais bêtement Kaël préfère encore foncer tête baissée plutôt que de contredire plus longtemps son supérieur...

Sans vergogne, sans tact, pas une once de mesure dans les mots, Lyto se fait incisif. Kaël retient de lui dire ce qu'il pense, de toute façon cela n'aurait pas la moindre utilité, ni le moindre sens. Il n'est qu'un pion dans un jeu d'échec qu'il ne maitrise pas. Il n'est pas un décideur mais un exécutant de bas étage. Il déteste ce rôle, il déteste être cette chose inutile trimballé au bon plaisir de son maitre. Ça le tue lui, le gamin qui rêvait de liberté dans les bas fonds de Corellia. Ça le bouffe de ne pas avoir su être autre chose que l'esclave qu'il est aujourd'hui. A petit feu, ça le tuerait presque, cette vie qu'il n'a pas choisie...

Ses maux le ronge est dans le silence il accueille les injonctions destructrice du numéro 2. Un type qu'il exècre au plus haut point sans avoir l'opportunité de s'en défaire comme un souris coincée dans un piège. Les molaires mordent l’intérieure des joues, Kaël retient toute cette violence qu'il rêve de déverser. Il garde en lui aussi profondément que possible cette haine qui le ronge jour après jour. Se dirigeant finalement vers le bar il se sert un verre. Après tout Lyto lui en a fait l'invitation, alors finalement il ne se gêne pas pour rincer sa frustration.

Le numéro poursuit en lui signifiant qu'il ferait mieux de se rappeler ce qui doit être une erreur de sa part. La frustration grandissante dans ses tripes, Kaël boit d'un cul sec l’éthanol ambré, les pensées se confondant, cherchant à retrouver l'erreur, mais rien ne se rappelle à lui. C'est alors que Lyto lui dit que s'il est incapable de se souvenir c'est qu'on ne peut dès lors plus lui accorder une quelconque confiance. Le verre enserrée dans cette main mécanique éclate alors sous la poigne ardente de l'assassin. Les éclats de verre se dispersent sur le sol, tandis que le regard céruléen de Kaël se repose sur Lyto.

Avec difficulté la langue se délie : « Le corps de vos ennemis gisent sur le sol chaque fois que je pointe un blaster sur eux... Je n'ai jamais faillit.  » Peu enclin à reconnaitre une quelconque erreur, l'hémoglobine bat l'allure à toute vitesse dans les veines. Le cœur pompe le sang, ça dérate dans la cage thoracique. L'amertume et la colère se lisent sur son visage, autant que l'incompréhension. « Un nom, donnez moi simplement un nom... » c'est tout ce qu'il souhaite, un nom a replacer dans la chronologie. « Et... je... m'assurerai que le ménage soit fait,  » promet-il finalement. Réparer l'erreur commise, si erreur il y a.

Le tueur perdait patience, prêt à rugir et mordre. Lyto, lui, restait de marbre. Il observait, inquisiteur, sévère et surtout dénué de compassion.
Une erreur cela se pardonnait parfois, lorsque l'on avait le temps mais le temps manquait à Lyto. Un début de réponse venait cependant : en demandant le droit de tuer encore, de rattraper ce qui était fait, Kaël prouvait qu'il n'avait pas agit sciemment, par sentimentalisme.
Du moins en apparence.

”Le contrat d'il y a deux semaines” lâcha soudain Lyto sans donner plus d'information.
Que Kaël réfléchisse par lui-même, tout ce que le numéro 2 avait à dire était déjà un mot de trop. On ne traitait pas des criminels comme l'on traitait des soldats, Lyto se rappelait de cela. Moins de paperasserie, non mais une paperasserie différente tout du moins.
Kaël avait finalement pris un verre, buvait. Pas Lyto, qui désirait garder l'esprit clair. Avait-il peur? Non.
L'homme avait appris à vivre au delà de la peur, réduisant l'univers et la galaxie non pas à toutes ses craintes et ses terreurs mais à son propre reflet et rien d'autre. La tâche qu'il devait accomplir Qu'il accomplissait.

”Réparer? Non, cela ne se répare pas” coupa l'homme comme un sabre laser tranche un corps.
Il secoua la tête, chagrin et déçu. Une illusion, un masque? Le numéro 2 en portait tant. Cela sonnait comme une condamnation à mort et l'air était lourd, quasi étouffant. Poutant, Lyto parla à nouveau. ”Mais fait ce pourquoi tu as déjà été payé et surtout, que cela n'arrive plus.”

Le silence revint tandis que Lyto reprenait place sur le canapé, une jambe soudain plus lâche que l'autre. Sa blessure? Peut-être...

”Tu ne m'aimes pas, tu ne me respectes pas et je ne te demande rien de tout cela. On coupe le bras de quelqu'un, c'est moche et ça laisse des traces, c'est la vie. Sauf que je m'en fous. Je veux que tu fasses ton travail, c'est tout. Tu as du potentiel, que tu haïsses ta laisse ou non. Tu ne seras jamais libre, Kaël, accepte le. Cependant cela ne t'empêche pas de nourrir pour toi quelques ambitions...et pour cela, il faut un travail parfait. Irréprochable. Tu n'as pas été irréprochable pour ton dernier contrat et tu ne l'es pas encore aujourd'hui.”

Le sourire revint sur le visage pâle.

"Peut-être qu'un jour je te raconterai mes propres erreurs?"